Bilakani Sabi a grandi au Togo mais a décidé de s’intaller au Canada et de retourner dans son pays natal en tant que volontaire avec Carrefour International et l’organisation togolaise La Colombe.
Par Caroline G. Murphy

«Tout le monde m’appelle Bil, mais mon vrai prénom, c’est Bilakani», lance le Canado-Togolais qui en est à son quatrième mandat de coopérant volontaire avec Carrefour International.
Bilakani Sabi a grandi dans la région de la Kara, dans le nord du Togo, avant de faire ses études en droit à Lomé. Puis, il s’envole pour le Québec en 2009, où il choisit de s’installer et de refaire des études, cette fois à l’école nationale d’administration publique. Il sait déjà qu’il veut travailler en développement.
«Mon grand-père m’a initié très jeune à aider les autres dans la communauté. Je me souviens que des femmes transportaient le bois pour venir vendre au marché. Certaines n’avaient pas de chaussure, alors mon grand-père nous demandait d’en fabriquer pour elles. Ensuite, elles revenaient vendre des ignames au marché et elles nous en offraient. Tu aides les autres et les autres vont t’aider!»
Devenu citoyen canadien en 2014, Bilakani cherche à acquérir de l’expérience de travail à l’international lorsqu’il découvre Carrefour, dont le mandat axé sur la défense des droits des femmes l’attire immédiatement.
«Pour des raisons culturelles, l’équité des genres, c’est super important. Je crois qu’avant que la colonisation n’arrive en Afrique, la femme avait plus d’importance. Elles ne géraient pas seulement la maison, mais les budgets familiaux et la vie sociale. Le “modernisme” a créé un effet néfaste qui a donné plus de pouvoir à l’homme au détriment de la femme.»
Après deux premiers mandats comme volontaire au Burkina Faso, Bil fait un retour dans son pays natal en 2018. Il est cette fois conseiller en renforcement organisationnel auprès du partenaire local de Carrefour; l’ONG la Colombe. Il accompagne des groupements communautaires à s’organiser en coopérative agroécologique, ce qu’il adore.
Un moment marquant de son mandat survient quand il décide d’offrir à n groupe de jeunes volontaires locaux l’opportunité de travailler en partenariat avec la Colombe sur le même terrain de maraîchage que des femmes déjà installées. «Aujourd’hui, ces jeunes ont un emploi et une structure de travail. Je suis très fier de voir que tout ça est parti de mon mandat.»
De son côté, la coordinatrice de La Colombe, Thérèse Akakpo, se réjouit de la présence de Bilakani dans l’équipe. «Les volontaires de Carrefour nous permettent d’effectuer un suivi et un accompagnement que nous n’aurions pas les ressources de faire seuls. Et Bil, c’est comme s’il avait toujours été avec nous!» confie celle que tout le monde surnomme affectueusement Mémé.

Deux cultures en bagage
«Mon avantage, étant Togolais d’origine, c’est de connaître les dimensions culturelles du Togo bien sûr, mais aussi du Canada, et de concilier les deux. Je n’ai pas de mal à m’intégrer ici, je sais comment les gens fonctionnent. Mais je ne voulais pas qu’on me voie comme un Occidental qui vient leur apprendre ce qu’ils doivent faire. Je voulais juste être avec eux et essayer de leur donner des conseils à l’occasion», confie Bil.
Le volontaire est certain que l’expérience qu’il a accumulée avec Carrefour lui servira dans un éventuel emploi en développement. «Je sais maintenant comment les gens se démènent sur le terrain pour trouver du financement et pour faire évoluer les mentalités, et comment c’est difficile. Je pourrai certainement faire valoir ces acquis dans un futur emploi.»























