Aisha* est née au Togo. Elle n’avait que 10 ans quand ses parents l’ont envoyée à Accra, au Ghana, parce qu’ils n’avaient pas assez d’argent pour payer son éducation. « J’ai un frère qui est handicapé mental. Un jour, il a dû être hospitalisé, ce qui coûtait cher […], alors mes parents m’ont envoyée vivre à Accra chez des membres de la famille afin que je puisse trouver du travail. »
Au Ghana, Aisha était aide-ménagère pour une femme qui la forçait à travailler jour et nuit sans la nourrir ni la payer adéquatement. « Je me suis enfuie et me suis retrouvée à la rue pendant quelque temps, car que je n’avais plus d’endroit où loger. Puis, je me suis fait une amie […]. Elle m’a introduite au travail du sexe. Je gagnais beaucoup d’argent et j’ai décidé que j’abandonnais le travail ménager pour ne faire que le travail du sexe. »
Les choses ont changé radicalement pour Aisha après qu’elle a rencontré des intervenantes de Pro-Link, une organisation partenaire de Carrefour International qui fait la promotion des droits des femmes au Ghana. Pro-Link mobilise les travailleuses du sexe et les femmes à risque afin qu’elles sensibilisent leurs pairs sur des questions de santé. « Pro-Link m’a sensibilisée au VIH et à d’autres maladies, et j’ai décidé de cesser le travail du sexe, dit Aisha. Elles [les intervenantes de Pro-Link] m’ont invitée à me joindre au groupe Obrapaa afin d’acquérir des compétences qui me permettront, quand elles ne seront plus là, de gagner de l’argent sans avoir à reprendre le travail du sexe. » Le groupe Obrapaa est maintenant composé de 20 femmes qui créent et vendent des bijoux.
“Je veux gagner assez d’argent pour bâtir une maison et ne plus jamais avoir à vivre dans la rue. Je veux pouvoir prendre soin de ma fille et l’envoyer à l’école.” Aisha, is a member of Obrapaa Women’s Group in Ghana
La Carrefouriste Asia Clarke, une créatrice de bijoux de Scarborough (Ontario), a accompagné le groupe Obrapaa dans l’élaboration de son plan d’affaires. Elle a aidé les femmes du groupe à créer une marque et une première collection qu’elles ont appelée BIAKOYE, ce qui signifie être ensemble. « Notre but est de créer une nouvelle collection, ainsi que d’augmenter notre production et de vendre nos créations à des grossistes et des boutiques partout en Afrique et outre-mer », affirme la volontaire.
Grâce à son travail au sein du collectif Obrapaa, Aisha envisage l’avenir avec optimisme, tant pour elle que pour sa fille.