Quel sera l’impact de l’investiture du président élu Donald Trump vendredi sur les droits des femmes et des filles ici au Canada et ailleurs dans le monde? C’est une question à laquelle j’ai beaucoup réfléchi dernièrement.
D’après les déclarations à l’emporte-pièce de M. Trump durant la campagne électorale, il y a matière à inquiétude. Il n’a cessé de dénigrer et d’attaquer verbalement les femmes. Il a promis de couper les vivres à l’organisation de défense de la planification des naissances Planned Parenthood et proféré des propos fallacieux au sujet des droits sexuels et reproductifs. Le New York Times rapportait qu’au lendemain de l’élection, l’équipe de transition de Donald Trump a demandé au Département d’État et à l’agence américaine de développement international (USAID) de dresser la liste de tous les programmes, positions et subventions en matière d’égalité des sexes, de réduction de la violence et de « promotion de la participation des femmes dans les sphères politique et économique ». Ces requêtes ont alarmé bien des militantes et militants des droits de la personne et de l’aide internationale dans le monde.
Puis, quelque chose d’extraordinaire s’est produit. L’invitation lancée sur les médias sociaux par quelques femmes à une marche de solidarité à Washington s’est transformée en un mouvement mondial pour souligner la Journée internationale de l’égalité, de la diversité et de l’inclusion nouvellement proclamée. Ce mouvement réunit maintenant des femmes de tous les milieux et leurs alliés qui défileront pour la paix, la justice et les droits de la personne partout en Amérique du Nord et dans plus de 30 pays.
Au Canada, les femmes et les personnes qui sympathisent à leur cause marcheront dans au moins 26 villes. Au moment de rédiger l’allocution que je prononcerai à Ottawa samedi lors de la marche sœur à la grandemarche de solidarité de Washington, je me suis demandé : « Les marches peuvent-elles encore changer les choses dans un monde où les tweets peuvent infléchir les débats, les marchés et les politiques? »
Pour paraphraser le président sortant Barack Obama : « Yes, They Can » (Oui, elles le peuvent).
La mobilisation populaire est une clé maîtresse de la démocratie. Les marches organisées sont des vecteurs essentiels de changement. Comme l’écrivait récemment Jelani Cobb dans un article paru dans le magazine New Yorker : « Les mouvements naissent au moment où des principes abstraits deviennent des préoccupations concrètes. »
La vitesse à laquelle ce mouvement populaire embryonnaire s’est déployé et l’engouement du public montrent à quel point les gens sont prêts à dénoncer la misogynie quelle qu’en soit la source et à s’élever pour une véritable égalité des sexes partout dans le monde.
Toutes les personnes qui, comme nous, luttent pour les droits des femmes dans le Sud savent qu’il ne faut jamais sacrifier des acquis durement gagnés et hautement porteurs d’espoir pour tant de gens. Chez Carrefour, nous voyons comment l’innovation et, surtout, le mouvement de coopération volontaire renforcent l’autonomie des femmes et des filles, améliorent des vies et favorisent le mieux-être des collectivités au Swaziland, au Sénégal, au Ghana, au Togo, en Tanzanie et ailleurs.
Nous pouvons être fiers de l’engagement de notre pays en matière de promotion des droits des femmes, de notre premier ministre affichant son féminisme parmi les dirigeants mondiaux, et des éloges du chanteur Bono du groupe U2 selon qui « le monde a besoin de plus de pays comme le Canada ».
Or, ce sont précisément ce rôle et l’autorité morale que nous exerçons sur la scène mondiale qui nous obligent à faire figure de proue dans la lutte pour les droits des femmes. Le monde a effectivement besoin de plus de pays comme le Canada, et le Canada doit en faire plus pour le monde.
Les Canadiennes et les Canadiens ont l’occasion d’agir dès ce samedi 21 janvier, en participant à l’une des marches qui auront lieu d’un bout à l’autre du pays.